INTRODUCTION
La Médecine d’Urgence demeure le parent pauvre des préoccupations de Santé Publique en Afrique, caractérisée par l’Inadéquation entre l’importance des besoins en formation et la carence en ressources humaines, matérielles et financières. L’absence ou l’insuffisance de moyens justifient-elles d’y renoncer ?
P. HEMOU : Quels plans de formation pour les acteurs de la médecine d’urgence en Afrique ?
Méd. D’Urg. Projet de Management et Pédagogique Inter Africain 2002, p6
Face à ce dilemme, une formation de qualité des acteurs africains de la Médecine d’Urgence relève de l’utopie ou faut-il l’inscrire dans la durée comme l’illustrent des exemples historiques de la Grande Bretagne, des USA, du Canada ?
M. BENNAMAR : Pour une formation de qualité en Afrique francophone, CARAF 2003, 27-43
MÉTHODE
Analyse des ressources sanitaires humaines et matérielles ainsi que des besoins en formation à travers les forums scientifiques de sensibilisation de la CIMU (1999, 2002, 2004), ses missions de partenariats hospitaliers, des enquêtes épidémiologiques sur les urgences au Togo (2002) et une étude multicentrique des services médicaux d’urgence de 14 aéroports africains en 2002.
RÉSULTATS
L’Afrique demeure un continent sous contraintes :
- Forte expansion démographique (croissance de 3% par an), bien que tempérée par la mortalité liée à la pandémie Sida et au Paludisme (courbes d’espérances de vie comparées ci-dessous).
- Contraintes économiques et financières : pauvreté, insuffisance de couverture sociale, faiblesse du pouvoir d’achat des ménages ;
- Contraintes socio-politiques : conflits de toute sorte générant des urgences et sinistres sanitaires ;
- Contraintes médicales :
- Insuffisance quantitative et qualitative de la couverture sanitaire avec quelques disparités régionales : ressources humaines malgré une forte demande en formation, infrastructures et équipement ;
- Nombreux fléaux endémo-épidémiques ;
- Péril médical et financier des évacuations sanitaires (EVASAN) avec des problèmes de prise en charge à l’étranger ;
- Contraste entre la multiplicité ces facteurs de risques et l’absence de structures de proximité d’accueil, d’orientation, de traitement et de formation à la prise en charge sur place des urgences vitales, objectifs prioritaires de la CIMU.
Comparaison entre les standards et l’existant de médecins
OMS, rapport sur la santé dans le monde 2003, p4 M. BENNAMAR : Pour une formation de qualité en Afrique francophone, CARAF 2003, 27-43
DISCUSSION : COMMENT PLANIFIER CETTE FORMATION ?
Quelles attentes face à ce constat alarmant ?
- Il n’existe pas de formation « Clé en main » et l’Afrique devra trouver sa voie en privilégiant une approche centripète de désenclavement sanitaire et pédagogique (de la base au sommet de la pyramide sanitaire de l’initiative de Bamako), adaptée aux réalités du Continent. Les Réseaux sanitaires de proximité,les réseaux routiers, de logistique et de communications, constitueraient de précieuses structures d’appui aux projets pédagogiques. Ce transfert adapté des technologies requiert un renforcement des Capacités africaines de formation et de prise en charge sur place des urgences vitales dans le cadre de réseaux intégrés, harmonisés et bien coordonnés, voire d’une Ecole Inter Africaine de Médecine d’Urgence, des Catastrophes et des Vigilances Sanitaires, régie par la boucle d’Assurance/Qualité.
- Ces plans de formation, prévision, de prévention des risques et d’intervention doivent s’inscrire dans la durée et la pérennité dans le cadre d’un partenariat multilatéral public, privé, institutionnel , associatif et d’une coopération décentralisée Nord-Sud et Sud-Sud. Ainsi, des signatures de conventions « incitatives » de partenariats de formation et d’échanges professionnels (formulaire CIMU) offrant de véritables garanties de carrières aux bénéficiaires devraient contribuer à limiter la « fuite des cerveaux africains » de la Santé.
- Axes de réflexion et adaptation au système Licence Master Doctorat (LMD).
CONCLUSION
La formation, initiale ou continue des formateurs, acteurs de la Médecine d’Urgence s’avère être :
- un OUTIL fondamental d’accompagnement de tout projet sanitaire prioritaire ;
- un OUTIL d’intégration économique, socioculturelle et communautaire ;
- un ATOUT par cet impact médical sécurisant et socio-économique favorable :
- à la baisse de la mortalité, de la morbidité et à l’amélioration de la qualité de vie (objectifs de l’OMS et du PNUD pour le Millénaire d’ici 2015) ;
- à l’accroissement de la productivité des entreprises, notamment par la réduction de l’absentéisme et de ses coûts indirects ;
- enfin à l’encouragement à l’investissement, au tourisme et aux échanges professionnels fructueux Nord-Sud et Sud-Sud.
Dernière modification : 30/06/2015